L'innovation prospère ici : un nouveau rapport fait de Boston un pôle technologique alimentaire de premier plan

Dans ce que l'on appelle l'effet de grappe, les industries prospèrent lorsque des entreprises similaires partagent un même lieu. À San Francisco, il y a la Silicon Valley. Pour la mode et les médias de pointe, il y a New York. Selon un nouveau rapport de la Friedman School of Nutrition Science and Policy de l'université Tufts, Boston est devenue un véritable pôle d'attraction en matière d'innovation dans le domaine des technologies alimentaires.

Mais qu'est-ce que la technologie alimentaire, ou food tech en abrégé, et comment peut-elle résoudre les dilemmes les plus graves du système alimentaire actuel ?

Le rapport du Food and Nutrition Innovation Institute (FNII), intitulé Boston Foodtech 2023, définit la technologie alimentaire comme l'application des logiciels, du matériel et des sciences exactes à la chaîne d'approvisionnement alimentaire, de la ferme à la consommation. Selon les experts, les progrès dans le secteur alimentaire sont essentiels, car le changement climatique et les guerres politiques continuent de perturber la prévisibilité et la durabilité de l'approvisionnement alimentaire mondial.

Selon les chercheurs, c'est en Nouvelle-Angleterre que s'épanouissent la plupart des pionniers de la technologie alimentaire. Dans la région du Grand Boston, qui comprend la première et la deuxième couronne de la capitale du Massachusetts, plus de 130 entreprises et organisations révolutionnent discrètement presque tous les aspects de la chaîne de valeur ajoutée alimentaire, de la production au commerce en passant par l'assiette du consommateur.

"Je pense que la meilleure façon de comprendre la technologie alimentaire est de penser à une pomme", a déclaré la chercheuse Isabella Citone, N22. "De la forme du pépin à la pomme que l'on mange, chaque étape comporte une forme de technologie qui rend le mouvement dans la chaîne de valeur alimentaire plus efficace, plus durable et plus sain, ou une combinaison de ces éléments.

Les technologies spécifiques concernées sont les capteurs avancés et la robotique, l'intelligence artificielle et l'application des biotechnologies. Ces techniques sont utilisées pour améliorer la production alimentaire, renforcer la nutrition, réduire l'impact sur l'environnement et, surtout, augmenter le plaisir du consommateur.

"La technologie alimentaire n'est pas l'aliment. Il ne s'agit pas d'inventer de nouveaux aliments. Il s'agit de la technologie - par exemple, l'automatisation, la robotique, les sciences de la vie - qui sous-tend la création d'un meilleur système alimentaire", a déclaré Katie Stebbins, directrice exécutive de l'IIPN. Ce nouveau rapport est le premier de l'IIPN.

D'après l'étude, les 138 entreprises et 14 organisations spécialisées dans les technologies alimentaires et les plus de 13 000 employés de Boston font de la ville le leader américain dans ce domaine en plein essor. La région est prête à attirer et à retenir les meilleurs talents, étant donné l'importante population de diplômés en STEM dans le Massachusetts, plus importante que dans n'importe quel autre État. Entre 2019 et 2022, les investissements en capital dans les entreprises agroalimentaires de Boston se sont élevés à 8,3 milliards de dollars.

"Boston représente en fait des applications technologiques tout au long de la chaîne de valeur alimentaire", a déclaré M. Stebbins. "Alors que d'autres endroits peuvent n'avoir qu'une seule pièce du puzzle, comme une application orientée vers le consommateur ou un fort accent sur la technologie agricole, dans le Massachusetts, nous faisons tout cela très bien, de sorte que nous pouvons relever la plupart des défis auxquels le système alimentaire est confronté ici même, en tant que communauté."

Boston, qui abrite un grand nombre d'entreprises américaines spécialisées dans les technologies alimentaires, occupe également une place de choix dans des domaines étroitement liés, tels que les soins de santé, la biotechnologie, la robotique et les sciences de la vie. Selon le rapport, ses universités de recherche de classe mondiale produisent régulièrement des percées dans le domaine des sciences et des technologies, ce qui se traduit par une multitude de nouveaux produits et méthodes dans le domaine de la production alimentaire.

"Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles cette ville est un pilier du développement économique dans le domaine des technologies alimentaires", a déclaré Fiorenzo Omenetto, professeur d'ingénierie Frank C. Doble et professeur d'ingénierie biomédicale à l'école d'ingénierie de Tufts. Il est également cofondateur de Mori, une entreprise qui fabrique une couche comestible dérivée de la soie, conçue pour prolonger considérablement la fraîcheur des aliments. "Boston est une ville incroyablement orientée vers la recherche, avec une très forte présence universitaire, une très forte présence entrepreneuriale et une très forte présence industrielle traditionnelle.

En revanche, sa démographie est moins ancienne. "Boston est une ville jeune", déclare Lauren Abda, N12, PDG de Branchfood, une plateforme de lancement pour l'innovation alimentaire qui met en relation les acteurs de l'industrie par le biais d'événements, d'investissements, d'espaces de travail partagés et d'un soutien consultatif. "Les jeunes générations sont plus sensibles à l'impact personnel et planétaire de leurs choix alimentaires, et ont donc un intérêt manifeste pour les services de santé, de bien-être et de commodité qui offrent tant d'opportunités de création d'entreprises."

"Et ils ne se contentent pas de créer des entreprises agréables à avoir", poursuit M. Abda. "De nombreux entrepreneurs ont l'intention de résoudre de véritables problèmes industriels, avec des produits qui s'attaquent à l'impact environnemental de l'alimentation, améliorent l'accès et l'accessibilité financière, et réduisent les déchets.

Actuellement, la façon dont les aliments sont généralement produits, transformés et emballés est à l'origine d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. La façon dont les aliments sont cultivés et finalement apportés sur les tables pose d'autres problèmes. Les travailleurs agricoles, dont beaucoup sont des immigrés sans papiers aux États-Unis et n'ont pas d'assurance maladie, travaillent régulièrement dans des conditions de chaleur extrême et de pollution atmosphérique chronique.

"Le système alimentaire est connu pour abriter certains des emplois les plus ennuyeux, les plus sales et les plus dangereux du pays", a déclaré M. Stebbins. "À mon avis, la technologie alimentaire joue un rôle essentiel dans la résolution de ce problème, dans la création d'emplois et de parcours vers lesquels les gens veulent se diriger et qu'ils aiment faire tous les jours.

Dans l'agriculture, les progrès de la technologie agricole, également connue sous le nom d'agtech, vont des machines qui aident à rationaliser les tâches à forte intensité de main-d'œuvre aux aliments pour animaux, aux semences et aux engrais plus respectueux de la planète. La société Tomorrow.io fournit des données météorologiques précises qui permettent de planter et d'irriguer les cultures en temps voulu, par exemple. Dans le domaine de la biotechnologie, Ginkgo Bioworks et Motif FoodWorks exploitent la biologie pour créer des protéines végétales appétissantes. Pour les consommateurs, des marques comme Sharkninja simplifient la consommation d'aliments et de boissons plus sains à la maison, tandis que les systèmes de point de vente mis au point par Toast facilitent le processus de commande en personne dans les restaurants. Chacune de ces entreprises est implantée dans le Grand Boston et emploie des centaines de résidents du Massachusetts.

Pour Citone, la ville regorge de possibilités pour quiconque souhaite révolutionner la façon dont nous mangeons et contribuer à réparer notre système alimentaire grâce à une technologie qui n'existait pas auparavant. "Boston est un endroit unique et puissant. Nous avons non seulement des innovateurs et des entrepreneurs, mais aussi des étudiants de premier et deuxième cycles qui disent : "Je m'intéresse à l'alimentation, à l'agriculture, à l'élevage et à la nutrition. Je me soucie de la Terre et des gens. Qu'est-ce que je peux faire ?

"Et ce que nous disons avec ce rapport, c'est qu'il existe un endroit, une intersection, où, si vous avez la passion, les connaissances et l'expertise, vous pouvez vous présenter et laisser votre marque.