Sécuriser la production agricole mondiale : démonstration des performances des cultures associées
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Dans certains pays du Sud, on constate actuellement un recul des cultures plurispécifiques, c’est-à-dire la culture de plusieurs espèces annuelles en association sur une même parcelle agricole. Par ailleurs, cette pratique a toujours été marginale dans les pays occidentaux, où la culture monospécifique, à savoir la culture d’une seule espèce en même temps dans une parcelle, est la norme.
Une vaste base de données mondiales intégrant 226 expérimentations agronomiques
Afin d’évaluer objectivement l’intérêt des cultures plurispécifiques dans un contexte agricole moderne, l’équipe de chercheurs français, néerlandais et chinois a engagé une analyse approfondie de la performance productive des cultures associées, à partir d’une vaste base de données mondiales incluant les résultats de 226 expérimentations agronomiques. Cela a permis aux scientifiques de comparer les niveaux de productivité de différents types de cultures associées à ceux des cultures monospécifiques.
Après avoir analysé des données sur le rendement en grain, les chercheurs ont utilisé des données sur les calories et les concentrations en protéines dans les grains pour évaluer l’intérêt des cultures associées pour l'alimentation humaine et animale. Ils ont alors pu quantifier les différences entre cultures associées et monospécifiques, puis identifier les combinaisons d'espèces cultivées et les modes de gestion permettant d'obtenir un rendement plus élevé avec des cultures associées qu’en cultures monospécifiques.
Associer des cultures : une productivité égale et souvent supérieure demandant 19 % de terres agricoles en moins
Cette étude montre que la culture simultanée de plusieurs espèces dans une même parcelle agricole permet d'obtenir une quantité de protéines en moyenne similaire, et même souvent supérieure, à celle que produirait l’espèce végétale la plus productive lorsqu’elle est cultivée seule (culture monospécifique).
Elle montre également que l’association de cultures augmente l'efficacité globale de la production, en réduisant les besoins en surfaces de terres cultivées de 19 % pour produire la même quantité de grains que la culture monospécifique des deux espèces de l’association. Bien que la production de grains et de calories soit inférieure de 4 % en moyenne à ce que l'on pourrait obtenir avec la culture monospécifique de l’espèce la plus productive, la production totale de protéines de l’association de cultures est toutefois similaire et même, dans 47 % des cas, supérieure à celle de la culture monospécifique la plus productive, en particulier dans les associations maïs-légumineuses cultivées avec des doses d’engrais modérées.
En réduisant les besoins en surface agricole et en engrais, cette pratique agroécologique pourrait ainsi contribuer à augmenter durablement la production agricole pour répondre aux besoins d'une population mondiale en expansion. Ces données quantitatives peuvent désormais être mises à disposition pour éclairer les futures politiques publiques agricoles à l’échelle mondiale.